Une attente interminable. C’est ce que ressentent de nombreux patients habitués à fouiller les Internets pour dénicher LE rendez-vous médical dans un délai raisonnable. Une impression qui vient d’être évaluée par la Fondation Jean-Jaurès à partir des données de la plateforme Doctolib, leader de la prise de rendez-vous en ligne en Europe. Sans surprise, les malades ne sont pas juste impatients. À l’échelle nationale, les délais médians pour consulter un dermatologue ou un cardiologue atteignent 36 et 42 jours !

L’étude «vient compléter les connaissances existantes sur l’accès aux soins avec de nouvelles statistiques concernant quelque 75 000 professionnels de santé utilisateurs de Doctolib et près de 200 millions de consultations en France en 2023», précise la licorne française. Analysées par le géographe Emmanuel Vigneron, les données se distinguent en deux grands blocs : les soins primaires et ceux de spécialité.

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Dans le premier groupe, on retrouve les délais médians d’octroi de rendez-vous les plus rapides, contenus en dessous de 15 jours, pour consulter un médecin généraliste, un pédiatre, une sage-femme, un masseur-kinésithérapeute ou encore un chirurgien-dentiste. Les délais s’allongent considérablement pour les autres médecins spécialistes qui, eux-mêmes, sont répartis en deux sous-groupes. Ceux qui rencontrent les patients en un délai inférieur à un mois : les psychiatres, les gynécologues et les ophtalmologues. Et ceux dont les délais vont au-delà d’un mois d’attente, à savoir les dermatologues et les cardiologues.

Seulement un tiers des rendez-vous réalisés en 48 heures chez le pédiatre

Pour autant, trouver un médecin généraliste ou un pédiatre en urgence quand vous tombez malade et que vous n’êtes pas en état de travailler relève souvent du parcours du combattant. Et pour cause, seulement 41% des rendez-vous sont effectués en moins de 48 heures par les médecins généralistes inscrits sur Doctolib. La majorité de leurs consultations sont en effet davantage réalisées en moins d’une semaine (66%). La galère est d’autant plus criante pour les jeunes parents à la recherche d’un pédiatre pour leur bébé. Seulement 34% des rendez-vous pris sont en effet réalisés dans les 48 heures, 43% en moins de sept jours. Pas étonnant qu’ils atterrissent après aux urgences hospitalières, faute d’avoir trouvé une consultation en un délai raisonnable pour leur progéniture.

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L’analyse des données de Doctolib confirme surtout les fortes inégalités d’accès aux soins en France, déjà constatées par d’autres organismes comme la Direction de la recherche des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), adossée aux ministères sanitaires et sociaux. Une quinzaine de départements, répartis dans sept régions, sont particulièrement en difficulté : le Gers en Occitanie, la Saône-et-Loire, la Nièvre et le Territoire de Belfort en Bourgogne-Franche-Comté, le Loiret et le Cher dans le Centre-Val-de-Loire, les Deux-Sèvres en Nouvelle-Aquitaine, l’Ardèche en Auvergne-Rhône-Alpes, l’Eure, le Calvados et la Manche en Normandie, la Loire-Atlantique et les Côtes-d’Armor en Bretagne, et le Pas-de-Calais dans les Hauts-de-France. «Les délais médians [y] sont au moins deux fois supérieurs à la moyenne nationale, pour au moins trois professions», précise l’étude.

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C’est en ophtalmologie, dermatologie et pédiatrie que les écarts sont les plus importants : «il y a plus de 90 jours de différence entre les départements où les délais sont les plus rapides et ceux où ils sont les plus courts, peut-on lire dans l’étude. Ces écarts ont même augmenté pour les dermatologues (+14 jours) et les pédiatres (+9 jours) entre 2021 et 2023».

Trois jours pour consulter un médecin généraliste

À l’inverse, les médecins généralistes font partie des professions de santé «les plus homogènes à l’échelle départementale». Le délai d’attente médian est de 3 jours au niveau national, un chiffre plus optimiste que ceux avancés par de précédentes études reposant sur des données déclaratives. En 2017 par exemple, une étude de l'Ipsos indiquait 8 jours d’attente pour consulter un généraliste. Ainsi, la situation semble «moins alarmiste que le ressenti des patients», considère Doctolib.

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Mais là encore, les délais varient du simple au triple d’un département à l’autre. S’il faut seulement compter deux jours d’attente en Gironde ou dans les Landes pour voir un médecin généraliste, les patients doivent attendre jusqu’à six ou sept jours en Seine-et-Marne, dans le Cher, l’Yonne ou encore le Loiret. «Ils font partie de la vaste zone continue des faibles densités médicales du grand bassin parisien, à cheval entre le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche-Comté», analyse Emmanuel Vigneron dans le rapport. Faute d’avoir suffisamment de docteurs à proximité, la patience est donc de mise.

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