Grand ménage à l'œuvre. A l'invitation du gendarme de l'assurance - l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) -, les assureurs ont orchestré ces derniers mois un vaste tri dans les 11 000 unités de compte (UC) accessibles aux épargnants via leurs contrats d'assurance vie (ou leurs plans d'épargne retraite, PER). Le but : «garantir que les unités de compte référencées dans les contrats d’assurance vie présentent un rapport frais/performance suffisamment protecteur des intérêts de la clientèle», indiquait l'ACPR dans un communiqué de juin 2023.

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Autrement dit, il s'agit d'exclure de leurs brochures les unités de compte qui ne présentent pas un rapport qualité-prix suffisant, «ce qui revient à se demander si, avec elles, l'épargnant en a réellement pour son argent», résume Guillaume Prache, président de la fédération des associations indépendantes de défense des épargnants pour la retraite (Faider). Pour ce faire, les assureurs passent en revue ces derniers mois les frais appliqués à ces unités de compte, et qui peuvent, sur le long terme, fortement grignoter la performance servie à l'épargnant.

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En plus de ceux de l'assureur, attention aux frais de gestion des UC

Pour rappel, ces frais - aussi appelés frais courants - sont prélevés non pas par l’assureur, mais par les sociétés de gestion qui commercialisent ces supports non-garantis investis en actions, obligations, immobilier… Selon le site Good Value for Money ces frais s'élèvent par exemple à 2% en moyenne pour les fonds investis en actions, actifs majoritaires au sein des unités de compte. Mais l'écart peut être conséquent, puisque selon ce même benchmark, les fonds les moins gourmands ne prélèvent que 0,70% sur les UC actions, contre 3,70% pour les plus chargés.

Pour mieux comprendre comment ce différentiel peut impacter la performance de votre contrat, prenons l'exemple de deux épargnants avec le même capital de départ : 30 000 euros (le montant moyen détenu sur les contrats d'assurance vie). Le premier a tout investi dans une UC fictive (UC1) investie en actions européennes avec des frais courants de 3,70%, et le second dans une UC de même catégorie (UC2), mais avec seulement 0,70% de frais. Pour simuler leur rendement, nous prenons la performance brute de frais annuelle de cette catégorie d'UC sur les cinq dernières années : 7,50%.

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Au bout de 12 ans, un rendement amputé de moitié pour l'UC le plus chargé

En appliquant les frais respectifs des deux UC, le rendement net tombe dès la première année à 3,80% pour l'UC le plus chargé en frais, et se maintient à 6,80% pour l'autre. Mais la différence est encore plus flagrante sur la durée, en particulier avec un produit d'épargne de long terme comme l'assurance vie. Sur 12 ans (la durée de détention moyenne), le rendement net est deux fois plus élevé pour l'UC2 : 120%, contre 56% pour l'UC1.

Au regard de la mise de départ, à l'issue de ces 12 ans, le capital du premier épargnant s'élèvera à 46 934 euros, et celui de l'épargnant B à 66 066 euros*. Soit «seulement» 16 934 euros de gains empochés par le premier, contre 36 066 euros par le second. Avec des frais 3,70%, le premier épargnant voit donc sa performance «amputée» de 19 132 euros, par rapport à un UC qui ne supporte que 0,70% de frais.

Comment faire soi-même le ménage parmi ses UC ?

Etre attentif au montant des frais internes à ses UC est donc essentiel pour maximiser le rendement de son contrat sur la durée. Et ce d'autant plus que les UC épinglées par les assureurs sont seulement décommercialisées. Autrement dit, si les nouveaux clients ne peuvent plus y investir, les assurés qui avaient déjà misé dessus les gardent dans leur contrat ! Pour faire soi-même un ménage de printemps parmi ses UC, il faut donc «regarder son relevé annuel de situation», conseille Gilles Belloir, directeur général de Placement-direct.fr : «sur ce document figure en effet le montant des frais, et la performance brute et nette de frais de toutes vos unités de compte».

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*Le capital au terme des 12 ans est net de frais des UC, mais sans y appliquer les frais de gestion de l'assureur, et avant prélèvements sociaux et fiscaux éventuels.