Un nouveau chapitre de l’histoire de Casino est en train de s’écrire. Le distributeur stéphanois est passé fin mars entre les mains du consortium composé des hommes d’affaires Daniel Kretinsky, Marc Ladreit de Lacharrière et du fonds Attestor, signant la fin de l’ère Jean-Charles Naouri, patron de l’enseigne pendant une trentaine d’années.

La nouvelle équipe, dont la direction générale a été confiée à Philippe Palazzi, ancien directeur général de Lactalis et ex numéro deux de Métro, a du pain sur la planche. L’objectif : redresser la barre d’un paquebot qui part encore à la dérive, comme en témoignent ses résultats trimestriels, publiés le 24 avril, malgré la restructuration de la dette, qui s’élève désormais à 1,5 milliard d’euros, contre 6,2 milliards fin 2023.

Entre 1 300 et 3 300 suppressions de postes

Après s’être délesté de la totalité des hyper et supermarchés de Casino, rachetés par Intermarché, Auchan et Carrefour, la direction du groupe s’attelle désormais au volet social en taillant dans les effectifs. Casino a annoncé mercredi la suppression de 1 300 à 3 300 postes sur les 28 000 emplois que le groupe totalise. Soit 11% des effectifs !

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S’il est déjà certain que 550 postes vont définitivement disparaître du siège social de Casino à Saint-Étienne, qui n’en conservera qu’un millier, les sièges sociaux des autres entités du groupe (Monoprix et Franprix), basés respectivement à Clichy et Vitry-sur-Seine, en région parisienne, vont également être touchés. Selon le groupe, 750 postes seront supprimé en Île-de-France.

Quel sort pour les autres emplois menacés ? Il dépendra des 26 magasins et des quatre entrepôts dont Casino veut se séparer. Aujourd’hui, aucun repreneur ne s’est encore manifesté. Une réunion avec les comités sociaux et économiques des différentes entités du groupe est prévue le 6 mai pour lancer la procédure de consultation préalable à la mise en œuvre d’un projet de plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), consultation qui devrait durer quatre mois, soit jusqu’en septembre 2024.

Casino est encore dans une phase de transition

Autre chantier et non des moindres : stopper l'hémorragie de trésorerie car le groupe continue de brûler du cash, avec environ 170 millions d’euros perdus depuis le début de l’année. Les résultats trimestriels montrent combien la situation est alarmante. Le groupe a annoncé un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros, en recul de 3,8% sur un an, en données comparables. Par entités, les ventes de Monoprix et de Franprix sont stables (+0,7% et +0,6%, respectivement), tandis que celles des enseignes de proximité (Vival, Spar, Petit Casino...) régressent de 2,4%. Par ailleurs, le chiffre d’affaires de Cdiscount (-21% en comparable) reste impacté par la rationalisation des ventes directes en faveur de la marketplace. Au total, l’Ebitda (bénéfices avant impôts) du groupe Casino diminue de 40 millions d'euros sur les trois premiers mois de l’année, par rapport au premier trimestre 2023, à 106 millions d’euros. «Ces résultats ne reflètent pas le travail de la nouvelle équipe de direction arrivée aux manettes il y a seulement quelques semaines. Casino est encore dans une phase de transition», nuance un expert de la grande distribution.

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Il y a donc urgence à mettre en œuvre le plan de relance. Le consortium a d’ailleurs annoncé un budget d'investissement de 1,2 milliard d’euros à l’horizon 2028 (soit 300 millions d’euros chaque année, en moyenne) destiné aux points de vente. «Il faut impérativement investir dans des baisses de prix et dans la modernisation des magasins», ajoute notre expert de la distribution. Mais pour Clément Grenelot, spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co, «cette enveloppe risque d'être trop faible et elle ne prend pas en compte les investissements nécessaires pour effectuer des baisses de prix». Des mesures concrètes et détaillées sont donc attendues. Elles pourraient d’ailleurs être présentées par la direction à l’occasion de l’assemblée générale de Casino, qui se tiendra le 11 juin prochain.