Il est de retour. Le plan Ecophyto, lancé en 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement avait été mis sur pause au début du mois de février, après quelques semaines de mobilisation agricole. «Nous allons remettre sur l'ouvrage le plan Ecophyto, le mettre donc en pause, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier», avait déclaré Marc Fesneau, ministre de l’agriculture.

Ce plan, qui fête ses 16 ans, avait un objectif simple : réduire de 50% l’utilisation des produits phytopharmaceutiques ou pesticides d'ici 10 ans. L’échéance avait finalement été reportée à 2025. En février 2023, Elisabeth Borne, alors encore à Matignon, avait annoncé un nouveau report et le lancement d’une consultation pour établir un plan Ecophyto 2030. Ce dernier visait notamment à proposer des solutions alternatives aux 75 molécules qui risquent le plus d’être retirées du marché dans les cinq prochaines années, correspondant à 79% des volumes de produits phytosanitaires vendus en France en 2022. Devant les critiques des agriculteurs, reprochant notamment au gouvernement d’aller plus loin que les interdictions de produits émises par l’Union européenne, l’exécutif avait mis en pause ce plan de réduction des substances phytosanitaires.

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250 millions d’euros par an d’investissements

Le gouvernement devrait présenter la nouvelle version du plan Ecophyto lundi 6 mai. En attendant, le ministre de l’agriculture a dévoilé l’essentiel du projet dans une interview accordée au Parisien. Pour Marc Fesneau, ce qui manquait jusque-là au plan, c’était les «moyens». Pour y remédier, le ministre annonce «250 millions d’euros par an d'investissement», dont «150 millions sur la recherche et 50 millions d’euros pour financer du matériel». «C’est absolument inédit !», ajoute Marc Fesneau.

«On sait que certaines molécules peuvent à terme disparaître, car elles ne seront pas re-homologuées au niveau européen. Nous cherchons donc immédiatement des solutions pour ne pas ensuite nous retrouver dans une impasse», précise le ministre de l’Agriculture. Ce programme de recherche et développement sera déployé «filière par filière et usage par usage».

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L’abandon de l’indicateur français au profit d’une harmonisation européenne

En parallèle, le ministre a acté l'abandon de l'indicateur utilisé jusque-là en France, le Nodu, au profit de son homologue européen, le HRI-1 pour indicateur de risque harmonisé. Une mesure décriée par les associations de protection de l’environnement qui estiment que le HRI-1 donne une vision biaisée de la réalité de l’usage des produits phytosanitaires en France. «Il ne prend pas en compte la notion de surface. Il fait donc la part belle aux produits toxiques utilisés en faibles quantités», précisait François Veillerette, porte-parole de l’ONG Générations Futures à Capital en février dernier.

«Si l’on n’utilisait pas le même indicateur que nos voisins, à quoi cela servirait-il ?», interroge de son côté Marc Fesneau. Le ministre balaie les inquiétudes des ONG de défense de l’environnement qui alertent sur la dangerosité des produits phytosanitaires. «Aujourd’hui, certains produits ne posent aucun problème de toxicité. Ni pour l’être humain, ni pour les écosystèmes. Ce n’est pas parce que ce sont des produits chimiques qu’il faut les interdire», affirme Marc Fesneau.

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Le ministre a également annoncé réfléchir à mettre en place un «dispositif d’indemnisation des riverains voire d’autres catégories de personnes ayant contracté une maladie d’origine non professionnelle, en lien avec l’exposition prolongée et répétée aux produits phytopharmaceutiques».