Rebelote. Jeudi 25 avril, à 11 heures, Emmanuel Macron prononcera un nouveau grand discours sur l’Europe à la Sorbonne. Près de 7 ans auparavant, en 2017, dans le même amphithéâtre, le président de la République avait déjà présenté sa vision de l’Union européenne (UE).

Cette version 2.0 du discours offre une opportunité au chef de l’Etat de dresser un bilan. «Je donnerai un peu le cap de ce que le pays a fait et ce vers quoi nous allons et surtout pour les années à venir», a indiqué Emmanuel Macron, interrogé en conférence de presse à l’issue du Conseil européen à Bruxelles, le 18 avril.

Un discours «institutionnel» aux allures de meeting

Le président de la République s’exprimera notamment devant les ambassadeurs à Paris des 26 autres pays membres de l’UE et les eurodéputés français. Son discours coïncide avec les derniers votes de la session parlementaire à Strasbourg, qui se déroulent de 12 à 14 heures. De nombreux députés européens ne pourront donc pas assister à l'événement. Cette situation est d'autant plus notable à moins de deux mois des élections européennes, alors que la candidate soutenue par Emmanuel Macron, Valérie Hayer, peine à décoller dans les sondages (entre 16 et 19 % d'intentions de vote). Pour l'opposition, ce discours est perçu comme une tentative de meeting politique. Manon Aubry, tête de liste de La France Insoumise, a critiqué cette utilisation du rôle présidentiel à des fins de campagne, qualifiant cela de «grave atteinte à la démocratie» sur BFMTV, lundi 23 avril.

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Du côté de l’Elysée, on défend un rendez-vous «institutionnel, très distinct de l'exercice de campagne électorale», rapporte l’AFP. «J’aurai l’occasion, évidemment, comme je l’avais fait il y a cinq ans, de m’engager dans cette campagne, de dire ma conviction pour l’Europe qui, à mes yeux, est un sujet essentiel au sens propre du terme pour notre pays, dans les moments appropriés, dans le format et le cadre qui convient», a assuré Emmanuel Macron le 18 avril devant la presse.

Le bilan des propositions émises en 2017

En 2017, à la Sorbonne déjà, Emmanuel Macron avait prononcé un long discours de près de deux heures au cours duquel il avait énuméré une série de propositions. Pour le chef d'Etat, l'Union européenne était «trop faible, trop lente, trop inefficace». Il avait alors appelé à «l'audace» pour bâtir une «souveraineté européenne». Depuis, l’UE a notamment versé conjointement presque 85 milliards d’euros à Kiev. Dans cette lignée, on peut aussi citer l’endettement commun des Etats membres de l’UE pendant la crise du Covid ou l’idée de développer une Europe de la Défense, qui progresse au sein des Vingt-Sept face à la guerre en Ukraine.

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Parmi les autres propositions qu'avait formulées Emmanuel Macron en 2017, on retrouve : l'instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe, une réforme de la PAC pour «assurer la souveraineté alimentaire de l’Europe», une taxation plus équitable des Gafa ou encore une harmonisation de l’impôt sur les sociétés.

À l’issue de son discours, le Président avait fixé rendez-vous en 2024 pour en tirer les conclusions. Pour le chef de l’Etat, le bilan est positif : «on a les bonnes idées, celles qui se sont mises en place en Europe ces dernières années», s’est-il félicité le 17 avril alors qu’il apportait son soutien à la candidate du camp présidentiel, Valérie Hayer. «Une grande partie de ses propositions ont été appliquées. L’Europe parle aujourd’hui un peu plus français», assure un conseiller de l’Elysée à l’AFP.

Défendre une «Europe puissance»

Le Président a «toujours été en pointe sur la question européenne», estime Bruno Cautrès, politologue, rapporte l’AFP. Alors que «l’heure est grave en Europe», ce discours vise à «peser» sur «l’agenda stratégique» de la prochaine commission européenne, qui sera formée après les élections européennes du 9 juin.

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«Depuis les récents événements internationaux, depuis le Covid, l'Europe est entrée dans le quotidien des Français», ajoute Marie D'Ouince, conseillère en communication politique. «Je pense que le président Macron va faire un bilan de tout ce que l'Europe a apporté à la France», précise-t-elle. La conjugaison des crises, le défi climatique et «l’explosion de la rivalité sino-américaine, appellent pour l'Union européenne une réponse nouvelle», a affirmé mardi 23 avril l’Elysée qui indique qu’Emmanuel Macron veut «proposer de passer d’un agenda de souveraineté» à «un agenda d’Europe puissance».