Va-t-on assister à une pénurie de bouteilles d’eau Perrier dans les semaines à venir ? La décision a été prise «par précaution» mercredi 24 avril par Nestlé : des centaines de palettes, deux millions de bouteilles au total, ont été détruites par Nestlé Waters, la filiale de la multinationale, qui commercialise Perrier, ont appris franceinfo et Le Monde. Commercialisé depuis 1903, le Perrier puise sa source dans un puits qui se situe à Vergèze, dans le Gard, à 15 km de Nîmes. Se voulant rassurante, l’entreprise assure que «toutes les autres bouteilles sur le marché peuvent être consommées en toute sécurité».

Comment expliquer cette décision ? Nestlé met en avant une «déviation microbiologique ponctuelle» apparue à la suite «des très fortes pluies liées à un évènement de type méditerranéen récent dans le Gard». Il s’agit en effet des conséquences de la tempête Monica qui a frappé le Gard le week-end du 10 mars. La décision a été prise à la suite d’une mise en demeure du préfet du Gard de suspendre sans délai l’exploitation d’un de ses captages d’eau sur le site produisant Perrier. Selon le préfet, le captage aurait présenté «un épisode de contamination à partir du 10 mars 2024 et sur plusieurs jours par des germes témoins d'une contamination d'origine fécale (coliformes, Escherichia coli) mais aussi par des germes de l'espèce Pseudomonas aeruginosa».

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«Niveau de confiance insuffisant» pour l’Anses

En début de mois, le groupe avait déjà indiqué renforcer la «surveillance» de ses forages en France à la suite de recommandations de l’Anses. Selon franceinfo et Le Monde, la note de l’Anses qui était restée confidentielle parlait d’un «niveau de confiance insuffisant» pour assurer la qualité sanitaire «des produits finis», donc pour les consommateurs. Nos deux confrères ont aussi révélé que les différents puits de la multinationale font l’objet de contaminations régulières que ce soit dans le Gard ou dans les Vosges, pour la production des eaux des marques Vittel, Hépar et Contrex.

Selon les experts de l’Anses, des traitements sont même nécessaires, ce qui ne permettrait plus de produire des eaux labellisées «eau minérale naturelle». En 2021, Nestlé a déjà admis avoir eu recours à des traitements interdits pour purifier ses eaux de source lors d’un rendez-vous resté secret au ministère de l’Économie, qui n’avait pas informé la justice et les autorités européennes. À la place, Bercy avait commandé un rapport à l’Inspection générale des affaires sociales. Le 11 avril dernier, le Sénat a lancé une mission d’information parlementaire qui entend «faire la lumière sur les défaillances de l’État» en matière de contrôle des fabricants d’eaux en bouteille. De son côté, Nestlé assure avoir toujours garanti la sécurité sanitaire de ses produits.